Mogany
: Initialement, j’ai un diplôme de styliste et designer styliste mais j’ai pendant longtemps travaillé en tant que styliste photo pour la presse car mon fort était de créer des univers. C’est sûrement pour cela que je me retrouve dans l’événementiel maintenant ! J’ai également travaillé dans le social en faisant des ateliers mode, arts et culture à la Casa Geração Vidigal à Rio, la grande sœur de la CASA 93, une école gratuite pour les jeunes de 18 à 25 ans issus des quartiers prioritaires. L’objectif de ces écoles est l’insertion sociale et professionnelle par la mode.
À un moment donné, j’ai eu envie de concevoir des projets qui avaient plus d’ampleur que des ateliers. Comme j’étais habituée à travailler avec la jeune création, à accompagner le processus créatif et dénicher les talents - c’est ce que je fais depuis des années - j’ai trouvé intéressant de monter un salon entièrement dédié à la jeune création. Un salon qui est à la fois ouvert aux professionnels, aux médias et au public. C’est un format qui n’existait pas, il y a un vrai manque ! Quand ils sortent de l’école, les créateurs sont largués et livrés à eux-mêmes, sans réseau. Ils ne savent pas vraiment comment ça fonctionne. Jusqu’à 10 ans après l’obtention du diplôme, ça peut être assez compliqué. Quand on est jeune diplômé et que l’on monte sa marque, il y a un manque
d’aide. Notre objectif est donc de créer un écosystème. On établit des partenariats avec
des acteurs qui tournent autour de la jeune création (des concepts stores, des festivals,
des écoles et des personnes qui peuvent les aider). Ce format répond à un manque et à la
mutation du marché de la mode qu’il y a en ce moment. Le salon permet donc au public
de rencontrer directement les créateurs, de pouvoir acheter des pièces qu’ils ne
trouvent pas en boutique tout de suite, à des prix de gros.
Aubry
: Les créateurs sont contents de se confronter aux clients. Certains vendent déjà leurs collections en boutique mais ils ne sont pas confrontés à leur client final directement. C’est intéressant pour eux qu’ils puissent avoir une critique positive, ou au contraire négative, ce qui les amène à sortir de leur sphère. C’est intéressant aussi pour les particuliers qui peuvent rencontrer et échanger directement avec les créateurs.
Aubry : Initialement, j’ai fait une licence d’expertise comptable. Au terme de celle-ci je me suis posé des questions. J’ai toujours été passionné par la mode mais je n’ai jamais senti que j’avais cette fibre créative. J’ai donc décidé de faire un master de management des métiers de la mode. Tout de suite, je me suis intéressé à la jeune création et ai travaillé pour de jeunes marques comme Six et Sept puis Wanda Nylon. C’est là que j’ai réellement découvert l’univers des start-ups. J’ai ensuite travaillé pour Lemaire pendant 2 ans en tant que responsable de la production. Mais mon attrait pour la jeune création était toujours présent et j’ai par conséquent mis à profit ce que j’avais appris pour me mettre à mon compte. Je suis maintenant consultant en production et développement de prêt-à- porter et accessoires avec une clientèle exclusivement constituée de jeunes créateurs.
Aubry
: La sélection s’est faite fin juin. Depuis la sélection, nous les rencontrons et essayons de comprendre clairement leur projet : qui sont-ils, où en sont-ils dans le développement de leur projet, qui visent-ils, où veulent-ils aller, etc. C’est vraiment un accompagnement personnalisé, et nous réalisons autant de rencontres que nécessaire. On identifie également des problématiques générales et on organise des workshops s’adressant à tous les créateurs sur des thématiques précises. L’objectif est vraiment qu’ils soient prêts pour le salon mais aussi pour l’après salon.
Mogany
: On fait vraiment un amont, un pendant et un après salon. L’idée est de créer une communauté ; nous avons gardé contact avec les créateurs de l’année précédente et garderons contact avec ceux de cette année. Nous restons à l’écoute pour leur donner des contacts, des informations diverses, les aider, les conseiller, etc.