Cuir

Qu'est-ce que le cuir ?

Le cuir est une matière issue de la peau d’animal. Elle est traitée pour la rendre résistante à la détérioration grâce à un processus appelé tannage, effectué de manière végétale ou chimique. Il existe différents types de cuir : les domestiques issus de peaux d’agneau, de veau par exemple, les peaux lainées et les cuirs exotiques qui proviennent des crocodiles, des pythons etc. Chaque cuir diffère aussi en fonction de leur grain, de la manière dont ils sont tannés et de leurs aspects (lisse, crispé, vieilli, gras, verni). Le cuir est connu pour être une manière souple et résistante, il est utilisé pour fabriquer tout type de produit comme des vêtements, des sacs, des chaussures entre autres.

D’où provient le cuir ?

En terme d’animal, bien que le cuir puisse provenir d’animaux exotiques tels que le crocodile ou le python par exemple, 99% du cuir produit dans le monde est issu de 4 animaux différents : 65% de vaches, 15% de moutons, 11% de porcs et 9% de chèvres (données de 2019, les pourcentages varient selon les années).

Pour ce qui est des pays producteurs, le cuir est majoritairement produit dans différents pays selon l’animal. On dénombre 6 principaux producteurs de cuir tanné : la Chine, l’Italie, l’Inde, le Brésil, la Corée et la Russie. La Chine reste tout de même le premier producteur mondial de la filière cuir avec 36% des exportations mondiales en 2018.
Si l’on se réfère au type de cuir maintenant, l’Espagne est par exemple la référence du cuir d’agneau, la France et les Pays-Bas du cuir de veau. Les peaux de chèvres proviennent plutôt d’Inde, du Pakistan ou du Nigeria.

Procédés de transformation de la matière (de l’animal au vêtement)

Comme vous le savez, le cuir peut provenir de grandes peaux ( vaches, veau, taureaux etc) ou de plus petites (agneau, moutons, chèvres). Dans cette rubrique nous nous intéresserons au procédé du tannage qui correspond au travail des grandes peaux mais sachez que le procédé pour les petites peaux se nomme la mégisserie est suit exactement les mêmes étapes.

De très nombreuses étapes sont nécessaires à la transformation du cuir. Cette transformation de peau brute en cuir fini résistant s’appelle le tannage et est composée de 4 étapes principales ( le travail de rivière, le tannage, le corroyage et le finissage) qui impliquent chacune différents processus. C’est un procédé assez long, la durée moyenne de cette transformation est d’environ 4 semaines.
Une fois les peaux retirées des animaux il faut agir vite car elles sont constituées de 75% de leur poids en eau et se dégradent en quelques heures seulement. Pour éviter le développement des microbes et bactéries qui causent cette dégradation il faut déshydrater les peaux. La méthode la plus répandue est le salage qui se trouve être simple et économique. D’autres méthodes sont possibles comme le séchage, la congélation mais sont moins utilisées car plus coûteuses. Le tanneur achètera à ce moment-là des lots de peaux de qualité homogène mais très sales.

Le tanneur entame alors ce que l’on appelle le travail de rivière constitué de plusieurs étapes. Premièrement il faut réhydrater la peau et la dessaler, c’est la trempe. Les peaux sont plongées dans des bains d’eau d’environ 5 fois leur poids auxquels on ajoute un antiseptique qui servira aussi à éviter la putréfaction et à éviter la dégradation de la fleur et des fibres de la peau dans la cuve. Ensuite on passe à la prochaine étape nommée le dépilage : il est effectué par des produits chimiques qui vont venir détruire la kératine et l’épiderme de surface. Par la suite, le pelanage va préparer la peau en altérant les fibres pour rendre la peau plus réceptive aux futurs traitements. C’est à ce moment-là que la souplesse du cuir fini est définie, plus les fibres sont dégradées, plus le cuir sera souple.
Vient ensuite l’écharnage, une écharneuse va éliminer tous les tissus sous-cutanés pour ne laisser que le derme qui sera transformé en cuir.
Par la suite, la peau va passer par l’étape du déchaulage. Le ph des peaux, alors trop basique sera ramené à 7 grâce à un trempage dans des cuves remplies d’eau, de sels ou d’acides. Celles-ci sont mises en mouvement pour accélérer le processus. Cette étape est à réaliser avec prudence car un ph trop acide dénaturerait la peau.

La peau va ensuite être tannée, c’est l’action de transformer la peau en cuir, c'est-à-dire une peau totalement nue, débarrassée des poils et autres résidus. Le tannage va consister à déshydrater une peau putrescible ( qui peut pourrir) et à y fixer des agents chimiques pour la rendre imputrescible et résistante.
Plusieurs agents tannants existent. Tout d’abord il y a les végétaux, existant sous la forme de poudres concentrées et améliorées chimiquement qui proviennent de divers végétaux. C’est la méthode la plus qualitative mais elle est aussi très longue pour le tanneur car il faudra faire passer la peau alternativement entre 8 et 15 jours dans 5 à 8 cuves contenant des solutions de plus en plus concentrées. On retrouve aussi le chrome comme agent tannant qui est utilisé dans 80% des cas car il est beaucoup plus économique. Le cuir est obtenu en 24h. D’autres types de tannage existent comme ceux à l’aluminium, au zirconium par exemple. Ils permettent d’obtenir des cuirs spécifiques mais sont beaucoup moins utilisés dû à leur coût et leur faible maîtrise.
C’est seulement après cette étape du tannage que l’on est plus obligé de parler de peau mais bien de cuir.

Cependant ce n’est pas encore un cuir apte à la confection d’objets. Le corroyage va consister en plusieurs étapes à rendre le cuir propre à la fabrication.
Il va donc être essoré par des cylindres (il perd une grande partie de sa teneur en eau à ce moment-là), à ce moment-là le tanneur pourra refaire un tri en fonction des défauts et des épaisseurs des cuirs obtenus.
Les cuirs pourront après être refendus en 2 feuilles : la fleur ( le côté externe) et la croûte. Cela a pour but de doubler la surface de produit à vendre en fonction des utilisations voulues. Après il sera neutralisé afin de supprimer une éventuelle acidité et faciliter la pénétration de produits chimiques.
Il pourra alors être teinté et nourri à l’aide d’une huile de poisson qui lui apportera souplesse et longue durée de vie.

Enfin le cuir sera séché ( sur cadre, suspendu ou sous vide) , c’est une étape très importante pour la qualité car si c’est trop rapide le cuir sera raide, si au contraire c’est trop lent la tannerie n’est plus rentable.
Pour finir on va passer au finissage du cuir. Les peaux sont encore une fois triées, les meilleures ne seront pas poncées alors qu'un ponçage aussi important que le nombre de défauts sera effectué sur les moins belles.
Il ne restera plus qu’à donner l’aspect et la texture souhaitée pour que le cuir soit prêt à être travaillé. Cela peut se faire par satinage ou grainage (donne un motif), foulonnage à sec ( assouplissement), liègeage (créations de rides de surface) ou lissage.

Le cuir est-il compatible avec la mode éthique et responsable ?

Par définition, le cuir peut-être compatible avec la mode éthique et responsable dans le sens où c’est un coproduit de la viande. Il est produit avec les déchets issus de l’industrie de la viande et du lait.
Mais dans les faits, on ne peut pas dire que le cuir est compatible avec une mode éthique pour différentes raisons.

Tout d’abord, comme expliqué précédemment, le cuir lors de sa transformation est en contact avec une multitude de produits chimiques tels que le chrome. Seulement, 2 problèmes se posent avec le chrome. Dans certaines tanneries en Inde ou au Bangladesh qui font du cuir à bas prix et où il y a peu (voire pas) de réglementation protectrice, les conditions de travail sont déplorables : les travailleurs marchent pieds nus dans des effluves toxiques, manipulent de l’acide causant des maladies de peau et même des cancers. Ils sont rarement équipés de masques ou de lunettes de protection et ne sont donc pas protégés des vapeurs qui peuvent causer des troubles respiratoires graves. Outre les travailleurs exposés directement, le chrome et autres produits chimiques ne disparaissent pas seuls. Ils finissent leurs courses dans les cours d’eau, nappes phréatiques environnantes, ce qui empoisonne les populations locales.

Vient ensuite le problème des animaux. En Chine et en Inde il n’existe aucune sanction contre la maltraitance animale dans l’industrie de la peau, les animaux sont tués cruellement après avoir passé un confinement extrême dans des cages ou enclos sales, subi une castration sans traitement antidouleur, des infections chroniques etc… De plus, environ deux millions de chats et de chiens (parfois dépecés vivants) sont aussi tués en Chine pour leur peau. En Inde, pays où les vaches sont sacrées, et où il est illégal de tuer des jeunes vaches et en bonne santé, une pratique s’est mise en place consistant à les empoisonner ou à les rendre boiteuses afin de pouvoir les abattre.
Nous n’irons pas plus loin dans les explications mais ce petit aperçu fait froid dans le dos.
Il est donc important de privilégier les cuirs européens qui subissent des réglementations beaucoup plus strictes et une traçabilité mieux établie (même si tout n’est pas parfait).

Il existe le label LWG (Leather Working Group) qui certifie que la production de cuir est respectueuse de l’environnement et est socialement responsable.
Naturleder est un autre label européen qui a pour objectif de réduire l’impact social et environnemental du cuir. Il couvre toutes les étapes de transformation du cuir, de la matière première à la vente mais ne concerne pas le produit fini. Il répond à des critères environnementaux, le tannage doit être réalisé avec des produits végétaux et il garantit des critères sociaux pour les travailleurs de toute la chaîne de production.
Privilégiez donc un cuir labellisé, si possible produit avec un tannage végétal.

Une autre option est un autre type de cuir : le cuir recyclé. Composé de chutes de cuir broyées à 80% et de matière végétale et synthétique à 20%, c’est une possibilité plus saine et tout aussi résistante qui limite la production de déchets. On parle également de cuir régénéré. Son impact écologique est bien moindre que celui du cuir conventionnel. Opter pour le cuir recyclé permet de ne pas gâcher les ressources et de ralentir la production assez polluante du cuir.

Des alternatives sont possibles au cuir animal : les faux cuirs (les cuirs en plastique) et les cuirs végétaux à base d’ananas par exemple. Mais finalement, si l’on cherche à remplacer le cuir pour un souci d’empreinte environnementale, les premiers sont à proscrire d’emblée car ils sont 100% issus du pétrole, énergie fossile par excellence et de plus ils annulent tous les bénéfices du cuir naturel comme sa respirabilité ou sa robustesse par exemple.
Les cuirs végétaux sont une bonne alternative si l’on cherche une option vegan, or ils ne sont pas si vertueux non plus. En effet, pour tenter d’imiter l’aspect et les fonctions du cuir animal il faut un procédé chimique qui va consister 50% du produit fini ( les fibres du fruit ne peuvent se fixer seules, elles le seront sur un support : la résine de polyuréthane, un plastique issu du pétrole…

La meilleure alternative reste d’acheter ses vêtements en cuir de seconde main afin de limiter la production de cette matière et de donner une seconde vie aux produits déjà créés.

Le cuir présente-il d’autres avantages ?

Outre sa robustesse et sa durabilité, le cuir possède d’autres caractéristiques avantageuses. Le cuir résiste aux déchirures et à l'usure, ce qui en fait un allié dans le temps. C’est un matériau qui respire, il est donc idéal pour lutter contre la transpiration. Il est perméable à la vapeur d’eau et peut aussi absorber une grande quantité d’eau qui se dissipe ensuite. Le cuir possède également des propriétés naturelles antifongiques ce qui va permettre de limiter l’apparition de mycose ( si vous portez des chaussures en cuir par exemple). Ses propriétés thermorégulatrices font de lui une matière de choix autant en hiver qu’en été.
Pour finir, parlons style ! Le cuir est un matériau intemporel, toujours à la mode peu importe la saison et l’époque. C’est une matière élégante qui se distingue toujours des autres matières. Il ne s’écaille pas et ne craque pas, de ce fait pour vérifier si la pièce sur laquelle vous avez craqué est en cuir véritable il vous suffit de pincer légèrement et de regarder le résultat.

Comment entretenir le cuir ?

Le cuir est une matière technique qui demande un entretien spécifique si l’on veut le garder le plus longtemps possible.
La chose la plus importante à retenir est le fait que le cuir ne se met jamais à la machine à laver, il ne le tolérerait pas. Suivez les quelques conseils qui suivent pour être sûr de préserver au maximum vos jolies pièces.
Avant toute chose, dès que vous acquérez une pièce en cuir, il est très important de les imperméabiliser et de les hydrater régulièrement à l’aide de produits prévus à cet effet.
Tout commence lorsque vous rangez votre vêtement après l’avoir porté. Époussetez les vêtements dès que vous les retirez, cela évitera de conserver les saletés extérieures. Si celles-ci sont trop tenaces, frottez délicatement les habits entachés à l’aide d’un chiffon humide avant de le sécher avec un linge propre. Si vous portez un habit en cuir très épais, comme un blouson de moto par exemple, décrassez-le avec une brosse à poils doux pour éviter de le rayer.
Suspendez uniquement vos vêtements sur des cintres, ne les pliez pas, ne les accrochez pas à un porte-manteau. Ces dernières actions risqueraient de déformer le vêtement voire même de le craqueler à la longue.
En cas de tâche, n’utilisez que des produits spéciaux pour le cuir, tout autre produit non prévu à cet effet risquerait de détériorer votre vêtement.


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